Yad Vashem est le mémorial de l'extermination des juifs par les nazis et leurs alliés, ce qu'on nomme aussi Shoah ou Holocauste. C'est une série de bâtiments récents sur une colline boisée, avec des lieux de reconstitution historique et d'autres de souvenirs et de prière. C'est évidemment très impressionnant et on en ressort très ému, voire choqué, malgré quelques libertés prises avec l'histoire (les photos des Sonderkommandos de Birkenau sont recadrées, malgré tout ce qu'a écrit brillamment Didi-Huberman à ce sujet; le refus du Sultan du Maroc face aux demandes vichystes de statut des juifs n'est pas mentionné; on n'est pas appelé sous les drapeaux dans la Légion Etrangère, on s'y engage; Manouchian - de l'affiche rouge - n'était pas juif). Mais ce ne sont que des détails. Par contre, l'extermination des Gitans ou le rôle ambigu des Judenrats sont clairement exposés. Et surtout le mécanisme de l'extermination est clairement démontré et illustré.
Le Musée était rempli de très jeunes militaires (ici on fait son service ,juste après le bac à 18 ans; ça explique beaucoup certaines réactions des soldat(e)s). On voit concrètement à quel point la mémoire de l'extermination est un élément mythique fondateur de la culture israélienne contemporaine.
Dînant ce soir avec une amie palestinienne, j'ai lancé l'idée d'organiser des visites de jeunes Palestiniens à Yad Vashem, pour qu'ils comprennent, pour qu'ils réalisent ce que ça représente pour les jeunes juifs israéliens. Elle me dit qu'un médecin palestinien en Cisjordanie a fait dans la salle d'attente de son cabinet une mini-exposition sur l'extermination des Juifs, qui suscite beaucoup d'intérêt et de curiosité; que ce fut exclusivement alors un problème européen (et américain) dont les Arabes payent aujourd'hui les conséquences, n'est pas vraiment un argument recevable aujourd'hui (même s'il l'était il y a 60 ans). De telles visites aideraient à éliminer toute tendance négationniste du mouvement palestinien, à mieux comprendre l'autre, et aussi à voir ressemblances et dissemblances entre deux situations : citoyens de deuxième zone, état racial, expropriations, problèmes des réfugiés, densité de population dans les ghettos, camps de personnes déplacées, droit au retour.
Après, on peut toujours rêver aux visites de jeunes juifs israéliens à un futur Musée de la Nakba à Deir Yassine...
Comme souvent, l'art commémoratif n'est pas d'excellente qualité. Même le montage vidéo de Michal Rovner n'est pas très bon, trop anecdotique. En haut, néanmoins, l'Arbre des Partisans de Zadok Ben David. En dessous, un wagon évocateur.
Dans le Jardin des Justes des Nations, liste des non-juifs qui ont sauvé des juifs, je suis frappé par le fait que près de la moitié des noms inscrits dans la pierre ici sont polonais : on nous ressasse le mythe du Polonais antisémite et pourtant il y a bien plus de Polonais Justes (6066 sur 22211) que de Français (2833).
Une stèle spéciale pour un village qui m'est cher, Le Chambon sur Lignon, représenté collectivement.
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