Les camps ne sont plus, depuis longtemps, faits de tentes, mais les bâtiments en dur y sont petits et surpeuplés, avec des services rudimentaires. Celui-ci, Aida, dans Bethlehem juste au pied du mur, a une infrastructure sociale très développée, en particulier pour les enfants : centre informatique, cours (danse, musique) et activités variées.
Chacun sait que les Palestiniens chassés par l'armée israélienne et les massacres de l'épuration ethnique de 1948 (lire l'historien Ilan Pappé) sont souvent partis avec la clef de leur maison, devenue un symbole de la Nakba et du droit au retour, tel qu'affirmé par la résolution 194 de l'ONU en décembre 1948 et la convention de Genève de 1949 que, bien sûr, Israël n'applique pas. A l'entrée du camp de Lajee, pour 'commémorer' le 60ème anniversaire de la création de l'état d'Israël a donc été construite cette arche de béton avec au sommet, la plus grande clef du monde, qui a fait son entrée dans le Guinness des Records, paraît-il.
Un des projets du Centre Lajee qui m'a beaucoup plu tire parti d'une 'faille' dans la législation israélienne : un Palestinien de plus de 16 ans ne peut pas avoir de permis de voyage en Israël, mais un enfant de moins de 16 ans peut voyager, avec l'accord notarié de ses parents, s'il est accompagné d'une personne autorisée, par exemple un étranger. Le Centre a donc monté un programme où des enfants ont interviewé leurs parents, grands-parents ou aïeuls sur le village d'origine d'où la famille a été chassée en 1948; un photographe anglais, Rich Wiles, a donné des cours de photo aux enfants et leur a fourni des appareils. Les enfants, accompagnés tout à fait légalement de volontaires internationaux, sont alors allé en Israël faire des reportages sur leurs villages d'origine. En sont résultés une exposition et un livre, Dreams of Home.
Une des plus belles photos, à mes yeux, a été faite par Yazan Jamal, 11 ans, du village de Beit Atab; le village, au Sud-Ouest de Jérusalem, a été rasé et remplacé par une réserve naturelle; à peine subsistent ici et là des fondations. Le petit garçon a pris la photo d'uns stèle où est inscrit "The Silver Family Nature Trail, in memory of Avrom Silver by his loving wife and children, Toronto, Canada" avec la citation "To safeguard the paths of justice, for He protects the way of his devout ones". Edifiant !