jeudi 24 juillet 2008

Mur des Lamentations






Devant le mur, une immense plaza : tout cette partie de la vieille ville a été rasée après 1967 pour permettre de grands rassemblements devant le mur, mais aussi pour créer un quartier juif, propre et bien éclairé, lui (je vais faire des photos comparatives des deux systèmes de ramassage d'ordures, systèmes gérés par la municipalité : le jour et la nuit. Mais, c'est bien connu, les Arabes sont sales). De plus, peu à peu, des familles juives orthodoxes s'installent ailleurs dans la vieille ville, la colonisant peu à peu, faisant expulser les habitants sous divers prétextes juridiques. On voit donc partout des juifs orthodoxes, vêtus de noir, marchant vite, bousculant tout sur leur passage dans le dédale des souks de la vieille ville.





La plaza devant le mur est partagée en trois zones, une 'libre' et deux de prières, masculine et féminine. Pour accéder à la première, après le contrôle de sécurité, il faut être vêtu décemment et on prête éventuellement un châle aux femmes pour cacher leurs épaules. A côté de moi, une jeune femme européenne avec un très discret crucifix dans l'échancrure de son chemisier. "Cachez-moi ça !" lui dit la matrone. Est-il interdit d'entrer dans une église avec une croix de David au cou ? Signe religieux ostentatoire ? On se croirait en Arabie Saoudite, les extrémismes religieux se rejoignent.



Pour accéder à la zone de prière, il faut, pour moi, une kippa (non, vous n'aurez pas ma photo en kippa). Il y a quelque chose de très beau, de très émouvant à voir ces hommes en noir se balancer d'avant en arrière devant cet endroit où, pour eux, la présence divine est permanente, mais il y a tout le reste autour, tout le pouvoir, le racisme, l'autocratie qui viennent polluer cette beauté.



Photo des petits bouts de papier qu'on enfonce dans le mur avec ses voeux. Obama était là le matin même, des gens ont essayé de retrouver son bout de papier, mais sans succès.

Sarkozy en keffieh




L'occupation va de pair avec une certaine liberté d'expression, maintenue dans des limites strictes, mais qui permettent depuis quelques années d'arborer discrètement le drapeau palestinien ou de vendre des T-shirts à l'effigie d'Arafat.

Quant à Sarkozy, ça ne lui va pas vraiment !

A côté, ce superbe et odorant étal d'épices, un délice

Armes

Partout des hommes armés. Policiers et soldats (policières et soldates aussi, d'ailleurs), omniprésents, quadrillant la ville, ne laissant pas oublier une seconde dans quel régime on vit.

Mais aussi des gardes sans uniforme bien défini, comme celui-ci dans un poste qui protège apparemment une maison de colons juifs en plein quartier arabe de la vieille ville.

Et puis des civils 'ordinaires' : premier matin à la terrasse d'un café, non ce n'est pas un téléphone portable qu'il a à la hanche.

Ma surprise un peu plus tard de voir deux hommes armés entrer, kippa sur la tête, dans la basilique du Saint Sépulcre et prendre des photos, en vrais touristes; je n'ai pas osé prendre leur photo.

Et que trouve-t-on dans les étalages de jouets pour enfants ?

Cette omniprésence des armes, de la violence va de pair avec une rudesse dans les rapports humains: bonjour, merci, au revoir semblent des mots rares. J'ai bien aimé ce commentaire : "Vous savez que vous êtes en Israël quand...
Dans un bar, quelqu'un vous pique la place aux toilettes (un Israélien qui fait la queue, ça va pas, non ?) mais vous n'osez rien dire parce qu'une crosse de revolver dépasse de l'arrière de son pantalon." lu dans ce blog. C'est tellement évident dès le premier abord; ça change de la politesse arabe.

Découverte d'en haut

Le premier jour, pour commencer à découvrir la vieille ville, je fais le tour (partiel) des remparts. C'était la frontière de 1948 à 1967. D'un côté la ville moderne, aérée, propre, moderne, de l'autre le dédale de la ville arabe enclose de murs, avec les lieux saints. Marcher sur les remparts en plein soleil, c'est sentir physiquement cette frontière. Vous trouverez sûrement des bons sites touristiques avec de belles photos, donc je vais seulement vous donner quelques impressions.

Une des entrées, la Porte de Jaffa, transition entre ces deux mondes.


Une des congrégations chrétiennes, vue d'en haut avec 'Terra Sancta' et, en rouge à gauche, 'No Entry' (bon, d'accord, c'est un peu facile).


Une petite mosquée familiale, Masjid al Qaymariyya, son dôme et son standard (c'est quoi, le nom exact de cet éperon sur le toit du dôme ?)



Plusieurs vues des toits de la vieille ville, avec, soudain le dôme doré de la mosquée, au loin.



En arrivant à la Porte de Damas, tout à coup, on passe une frontière invisible : les bruits, les odeurs changent : tumulte, confusion, épices, figues, on a définitivement quitté l'enclave occidentalisée, on est au Moyen-Orient.



Vue d'en haut, une cour d'école un peu miteuse, avec sur un mur, le mot liberté dans toutes les langues : triste à pleurer. Liberté, j'écris ton nom : poème sous l'occupation.




Dans une autre partie des remparts, un enterrement (arménien ? orthodoxe ?) près de l'Eglise de la Dormition.




Et une écurie avec de bien beaux chevaux : c'est la police israélienne montée.


Après, je redescend et je me mêle à la foule, alors que les remparts étaient quasi déserts.