jeudi 7 août 2008

Hebron

C'est sans doute la ville en Palestine où la tension est la plus tangible; c'est, avec Jérusalem, le seul endroit où les colons israéliens sont installés en pleine ville et non pas seulement dans de nouvelles implantations de contrôle sur les hauteurs (Kyriat Arba). Et si, à Jérusalem, l'implantation juive dans la vieille ville depuis 1967 ne peut guère être remise en question, le caractère plus récent (1979) et plus violent de la colonisation juive au centre d'Hébron en fait un problème très différent.

La raison de cette implantation est comme toujours double : une raison religieuse, idéologique (les tombeaux des prophètes, voir le prochain billet) et une raison politique, de contrôle du sud de la Palestine, et économique, pour juguler une des villes les plus dynamiques économiquement du pays et la couper de ses marchés.



La vieille ville a donc en son sein une enclave de colonisation, avec peut-être une cinquantaine de familles de colons parmi les plus intégristes et les plus violents, qui agressent régulièrement les Palestiniens et les rares visiteurs étrangers : ce matin, des diplomates anglais accompagnés par des militants de Breaking the Silence, l'organisation d'anciens militaires israéliens dénonçant la politique d'occupation, ont été attaqués par un colon (Haaretz). Pour protéger ces colons, des centaines de soldats israéliens, aux aguets. Dans beaucoup d'immeubles de la vieille ville, les soldats sont sur les toits des immeubles occupés par des familles palestiniennes : interdiction de les photographier, photos volées.








Dans certaines rues, les colons occupent les étages supérieurs et jettent des pierres ou des détritus sur les passants. Tous les colons sont armés, même les adolescents. Dans la rue, ils harcèlent fréquemment les Palestiniens, qui sont soumis à un couvre-feu.








Du coup, les rues sont désertes, la plupart des magasins sont fermés (en fait, sur les 304 boutiques fermées en janvier 2008, 218 l'avaient été par ordre de l'armée israélienne), il n'y a presque pas de touristes; les boutiques reçoivent $200 par mois de l'Autorité Palestinienne pour ne pas fermer, pour maintenir une présence malgré tout. Je trouve un antiquaire et je lui achète tout son stock de pièces trouées du Mandat pour ma fille.








Entrée de la vieille ville, avec tous les bunkers armés sur les toits, et la yeshiva intégriste des colons.








Nous sommes reçus par les 'témoins' de l'organisation Christian Peacemaker Teams, une de celles qui recensent tous les incidents qui surviennent ici. Parmi eux, un Anglo-Saxon de 80 ans, juif converti au christianisme, souffrant d'arthrite, qui arpente infatigablement avec sa canne les rues de la ville. De leur terrasse, quelques photos de la ville, d'une ruelle barrée, de la rue réservée aux colons.



Dans la rue, soudain, une patrouille de fantassins israéliens (des Druzes, paraît-il, les pires collabos); on se retrouve repoussés contre le mur. Notre guide raconte son humiliation la dernière fois qu'il est venu, les soldats prenant sa carte d'identité, la jetant dans le caniveau pour qu'il la ramasse à plusieurs reprises, le gardant une heure (et tout le groupe avec lui) uniquement pour montrer leur pouvoir, pour l'humilier.

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