vendredi 25 juillet 2008

Consensus


Une des choses étonnantes dans ce pays, est que, à part une toute petite minorité d'activistes et d'intellectuels, la quasi totalité des gens ne fait montre d'aucun esprit critique à l'égard du discours officiel. Dès que les mots 'antisémitisme', 'terrorisme' ou 'sécurité' sont prononcés, plus personne ou presque n'ose discuter, de crainte d'être perçu comme un mauvais citoyen, un mauvais Juif, un 'self-hater', un 'refuznik'.

Dans le Jérusalem Post (je préfère de beaucoup Haaretz, mais je ne l'ai pas trouvé) un long éditorial sur les médias (qui n'est apparemment pas encore en ligne sur leur site) et le fait qu'elles devraient faire preuve de retenue, à propos de l'enquête pour corruption d'Olmert et des négociations avec le Hezbollah. Puis, dans le même éditorial, une mention de l'incident récent où un soldat israélien a tiré à bout portant sur un Palestinien menotté dans le dos et aveuglé par un bandeau. On s'attendrait à ce que l'éditorial ne se contente pas de trois mots pour condamner l'incident, mais suggère à l'armée de discipliner et d'éduquer ses soldats, si tant est que ce soit possible.

Pas du tout : l'incident a été filmé par une jeune Palestinienne avec une caméra fournie par la ligue des droits de l'homme (B'Tselem), un des fers de lance de la lutte anti-occupation. L'éditorialiste du Jerusalem Post critique l'armée pour ne pas avoir éduqué ses soldats au fait qu'ils opèrent dans un environnement médiatique. En somme, continuez les exactions, mais vérifiez d'abord qu'il n'y a pas de caméra. D'ailleurs, l'enquête militaire n'a démarré qu'après que la vidéo ait fait surface, 15 jours après l'incident.

Partout ailleurs, ce cynisme ferait vomir, hurler. Ici, c'est normal, c'est pour la bonne cause, pour la lutte contre le terrorisme.

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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