vendredi 22 août 2008

Crime de guerre

Un attentat suicide est un crime de guerre : toute action visant des civils est un crime de guerre. Toute action : c’est la définition reconnue par la loi internationale. Quel que soit son moyen, quelle que soit son intention.
Résister à l’occupation est un acte reconnu par la loi internationale : résister veut dire s’en prendre aux forces armées de l’occupant, y compris les milices para-militaires ou les supplétifs. Q’on se prenne à eux avec des armes à feu, des explosifs ou de simples pierres, c’est un acte de résistance de la part d’un résistant, d’un partisan, d’un guerrillero, pas nécessairement un soldat régulier, et il y a toute une jurisprudence internationale à ce sujet (pas toujours respectée, bien sûr, ni pendant la bataille d’Alger, ni à Guantanamo).
Mais s’attaquer à des civils est un crime de guerre.
Une voiture piégée ou un attentat suicide, que ce soit dans un bar de Tel Aviv ou à l’Hötel King David de Jérusalem, un massacre de civils, que ce soit dans une yeshiva à Jérusalem ou dans une mosquée à Hébron, dans un village comme Deir Yassine ou dans un camp comme Sabra et Chatila, ce sont des crimes de guerre.
Lancer une bombe d’une tonne sur un immeuble, en tuant tous les habitants dont un leader de la résistance n’est pas moins un crime de guerre que se faire exploser dans un bar où se trouvent des soldats au milieu des civils.
Détruire une maison avec ses occupants à l’intérieur, comme dans le quartier maghrébin de la vieille ville de Jérusalem en 1967 ou à Jenine, tuer avec un bulldozer une activiste américaine qui tente de s’opposer à la destruction d’une maison à Rafah (Rachel Corrie, 16 mars 2003), tirer sur un cameraman de Reuters (et tuer 4 personnes en même temps que lui) alors qu’il porte une veste marquée PRESS, en prétextant que le tripode de sa caméra ressemble à un lance-roquettes (et être blanchi par l’enquête interne de l’IDF), ce sont aussi des crimes de guerre.
Oui, les Israéliens ont longtemps vécu dans la crainte des attentats suicides (et ont développé une phobie de la sécurité qui permet tout), oui certains jeunes Palestiniens sont tellement désespérés qu’ils sont prêts à tout (et certains de leurs dirigeants nt canalisé cette frustration vers les attentats suicides au lieu de le faire vers la lutte armée), il serait vain de le nier, ou de l’excuser en disant que la situation est bien pire pour les Palestiniens (et le demeure). Mais cela ne justifie pas les crimes de guerre. Leurs auteurs doivent être poursuivis : les Palestiniens sont tués, soit sur le champ, soit plus tard par les tueurs du Mossad, et leurs familles font l’objet de représailles, comme les destructions de maison. Les Israéliens sont presque toujours blanchis par des enquêtes internes, il n’y a jamais d’enquête objective internationale ; les sanctions sont rares et minimes.
Et trois terroristes sont devenus Premier Ministre d’Israël : Menahem Begin (Irgun : attentat du King David, massacre de Deir Yassine), Yitzhak Shamir (Groupe Stern :massacre de Deir Yassine, assassinat du représentant de l’ONU, le Comte Bernadotte, du général français le secondant et de Lord Moyne), et Ariel Sharon (massacre de Qibya en Jordanie avec l’Unité 101, massacre de Sabra et Chatila).
J’aimerais entendre plus souvent, d’un côté ou de l’autre, une condamnation sans équivoque des crimes de guerre.

2 commentaires:

Garrincha a dit…

Sur l'instrumentalisation des jeunes palestiniens vers l'attentat suicide, j'avais vu un excellent film : "Paradise Now"

Plus d'info

Je me souviens aussi que du temps où je bossais chez Amnesty, on avait reçu un médecin qui était responsable du programme de psychiatrie pour l'Autorité Palestinienne. C'était en 2000, peut-être 2001, et il nous disait à quel point les jeunes adolescents de Gaza étaient familiarisés avec la mort, avec l'idée de la mort. Que pour eux ce n'était pas une idée abstraite et lointaine, mais bel et bien une réalité très concrète. Je te laisse imaginer le terreau que ça peut constituer.

Sur ces notes réjouissantes, bonne route pour la suite.

Alexandrin a dit…

La détresse psychologique est là, c'est certain. Elle avait été partiellement canalisée vers la résistance, vers des combattants fedayeen qui attaquaient des objectifs militaires israéliens.
Le fait qu'elle ait dérivé (depuis 20 ans ?) vers des attentats suicides est aussi une preuve de l'ineptie et de l'incapacité des dirigeants palestiniens, impuissants ou suicidaires eux aussi.