Une ethnocratie est par définition ethnique, donc structurellement raciste, puisque l’Autre, défini par son essence, est exclu. C’est un racisme de type différent de celui de l’Inquisition ou des empires musulmans : eux voulaient convertir, assimiler par la force : l’Autre était défini par sa croyance, son appartenance, et on tentait (par la contrainte) de l’en faire changer. Le racisme moderne, anti-juif il y a 70 ans ou anti-arabe aujourd’hui, ne cherche pas à faire changer l’Autre, il le nie dans son essence.
Quand le chef d’état major de l’armée israélienne qualifie les Arabes de ‘cafards drogués’, quand un dirigeant religieux dit « il n’y a pas d’animal pire que les Arabes », quand un ministre leur promet « la Shoah, et pire », et qu’il ne sont pas inquiétés, au contraire ; quand un sondage montre que 2 Israéliens juifs sur 3 refuseraient d’avoir une famille arabe dans leur immeuble, ce n’est pas du racisme ?
Bien sûr qu’il y a du racisme en contrepartie, comme les Noirs américains étaient racistes envers les Blancs qui les opprimaient, comme les Juifs du shtetl étaient racistes envers les Cosaques des pogroms. Mais il ne faut pas confondre le racisme institutionnel et structuré, celui de l’Afrique du Sud sous l’apartheid, celui des Etats-Unis esclavagistes jusqu’aux années 1960, celui du Reich nazi, avec les manifestations de racisme individuel, réactif : elles sont tout aussi haïssables, mais elles ne structurent pas la société, le pouvoir, et sont plus aisées à combattre.
Dès qu’on prononce le mot ‘racisme’ à propos d’Israël, la levée de boucliers est immédiate. Sans doute parce que la mauvaise conscience rend difficile d’être qualifié de ce dont on a souffert hier. Mais la réalité est là et bien là, hélas. Et ce racisme découle directement du concept d’ethnocratie, qui est impensable sans sélection et sans exclusion.
vendredi 22 août 2008
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2 commentaires:
Il y a une chose que tu ne mentionnes pas une seule fois dans tes comparaisons, c'est l'état de guerre. Israël est un pays en guerre: en guerre contre la Palestine, d'une façon certes non équitable, très répréhensible, et qu'on peut dire choisie ou du moins entretenue par eux, mais en guerre tout de même. Dans un tel contexte, qu'un dirigeant parle de tous les arabes comme de cafards, évidemment c'est scandaleux (incitation à la haine raciale). Mais que deux familles sur trois ne souhaitent pas que leur "ennemi" s'installe dans leur immeuble, cela n'a rien d'étonnant...
Mais c'est l'inverse, c'est le racisme, intrinsèque au concept d'état juif, par définition même fondé pour une 'race' (disons une ethnie) privilégiée, qui crée la guerre, et non la guerre qui engendre le racisme. Par ailleurs, Israël affirme n'être pas en guerre et ne pas occuper les territoires, il les 'administre'.
Les Arabes dont, dans ce cas précis on ne veut pas dans l'immeuble, ce ne sont pas les Palestiniens, qui n'ont bien évidemment pas le droit de venir en Israël, ce sont des citoyens israéliens, mais non-juifs, 20% de la population, qui sont traités comme des sous-hommes dans un pays dont ils sont citoyens, pays qui n'est en rien une démocratie, comme il le proclame, mais une ethnocratie raciste.
Ce n'est pas le seul pays au monde à l'être (l'Arabie Séoudite n'est pas mal non plus, dans le genre), mais c'est le seul qui veut faire croire le contraire au monde entier, tenant un discours 'propre' à l'extérieur et menant une politique 'sale' à l'intérieur. D'où une dose assez élevée de mauvaise conscience.
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