L'autre question que je me pose est celle du boycott.
Quand j'avais vingt ans, il y avait un boycott de l'Afrique du Sud, plus ou moins appliqué par les Etats et pas les sociétés. Pour nous, cela consistait, quand nous rencontrions dans un bar un Sud-Africain (blanc, bien sûr, les noirs ne voyageaient pas), à ne pas leur payer à boire et à leur tourner le dos. Simpliste, un peu bête, mais finalement efficace.
Quand 30 ans plus tard, j'ai rencontré mon amie Gusti, Afrikaner Broderbund pur sang, qui épousa un non-blanc et alla en prison pour sa lutte contre l'apartheid, elle me raconta que, jeune étudiant de 20 ans, quittant son pays pour la première fois pour étudier à Amsterdam, se faire traiter de raciste par les Européens de son âge avait été sa première prise de conscience que quelque chose n'allait pas dans son pays.
Est-ce cela qu'il faut faire avec les Israéliens, tant que l'occupation durera ? Faut-il ne pas les inviter dans nos universités, ne pas leur parler dans les bars et les concerts, faire qu'ils se sentent mal ? Fallait-il boycotter leur présence au Salon du Livre ? (j'apprends ici, ce dont la presse française, BHL, Finkielkraut et Pierre Assouline se sont bien gardés de parler, que les écrivains israéliens invités à Paris, y compris le Palestinien, ont dû signer une déclaration s'engageant à ne pas critiquer la politique israélienne pendant leur voyage à Paris)
C'est en tout cas ce que conseillent TOUS les Israéliens juifs opposés à l'occupation que je rencontre. Pour eux, le changement ne viendra que de la pression extérieure, et le boycott lié à l'occupation en est une condition.
Certes, on se fera traiter sans cesse d'antisémites, et il faut que le boycott soit clairement lié à l'occupation. Mais c'est aussi une démarche si peu naturelle, si opposée au dialogue, à la volonté de convaincre que je peux avoir. Mais s'il n'y a pas de possibilité de convaincre ? Témoigner suffit-il ?
Autre grande question à examiner ici.
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