lundi 28 juillet 2008

Mobilisation ?

Une des choses que je ne comprends pas (et je pose la question à Jeff Halper) est sa conviction, à lui et à la plupart des acteurs israéliens (juifs) de la lutte anti-occupation, que le changement dans la politique d'Israël ne peut pas venir de l'intérieur, mais seulement de la pression internationale sur Israël tant que l'occupation durera (pression des Etats, mais aussi des personnes, sous la forme d'un boycott, j'y reviendrai).
L'action des opposants n'est pas clandestine, la réunion à laquelle nous prenons part n'est pas interdite, Jeff Halper et d'autres peuvent parler, écrire (rarement dans les grands journaux, certes, mais dans des magazines, des livres, qu'on trouve en librairie). ils ont une liberté d'expression qui n'existait pas en Afrique du Sud, ni dans l'Union Soviétique, ni dans l'Allemagne nazie. Ils dénoncent des faits que toute personne raisonnable dénoncerait, des démolitions, des abus de droit, des meurtres, des tortures : ce sont des faits que le gouvernement israélien tente de dissimuler mais que, une fois exposés, il nie rarement, mais justifie du fait du terrorisme, de la lutte contre le 'jihado-islamisme' ou l'islamo-jihadisme, ça dépend.
Des intellectuels, des artistes dénoncent cette politique, mais ils semblent n'avoir qu'un impact extrêmement réduit sur l'opinion publique israélienne. La majorité des gens n'écoutent, semble-t-il, que le discours officiel. Pourquoi ?
Pourquoi le conflit semble-t-il être inscrit dans une zone du cerveau dépolitisée, mystifiée, irrationnelle ? Je ne peux croire que ce soit du fait du poids des médias, la voix des opposants est infiniment plus forte ici qu'elle ne l'était sous l'apartheid ou sous d'autres dictatures. Je ne peux croire que ce soit uniquement du fait du confort économique, de l'égoïsme. C'est peut-être en partie dû à la division des forces anti-occupation, peut-être au système de coalition gouvernemental.
Mais je commence à croire que c'est surtout une question d'idéologie, que le sionisme (celui qui est appliqué ici, celui de Jabotinski et de Ben Gurion, pas celui de Martin Buber, hélas) est une idéologie tellement plus forte, tellement plus difficile à contester que l'apartheid, le communisme ou même l'arianisme nazi. Est-ce un rempart contre toute contestation, une réponse holistique qui empêche toute divergence de vue ?
Je ne sais pas, c'est une des grandes questions que je me pose pendant ce voyage.

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