Si être pro-palestinien, c'est soutenir l'Autorité Palestinienne, son semblant de pouvoir, ses prébendes et sa corruption (pas pire qu'en Israël, mais plus difficile à dévoiler), son rôle de tampon entre l'occupant et la population.
Si être pro-palestinien, c'est applaudir à toute action des Palestiniens, et en particulier justifier les attentats suicides contre des civils, et accepter que la lutte contre l'occupation soit davantage dirigée contre des civils que contre des militaires occupants.
Si être pro-palestinien, c'est comprendre et pardonner à cause de la situation les luttes internes Hamas-Fatah.
Alors je ne suis pas ce genre de pro-palestinien.
Pour moi, l'important est qu'un peuple est occupé, que sa terre a été prise, qu'il en a été chassé, et qu'il lutte chaque jour contre une occupation inégale, l'important est que cette lutte se fait le plus souvent dans la dignité, l'honneur, la non-violence, l'important est que face à l'injustice et l'inégalité, un peuple entier se maintient tant bien que mal et lutte en silence.
Si être anti-Israël, c'est vouloir rejeter les Juifs à la mer, c'est nier leur extermination sous le troisième Reich, ou s'en réjouir.
Si être anti-Israël, c'est refuser toute négociation, c'est parler de génocide et d'extermination pour décrire l'occupation.
Si être anti-Israël c'est assimiler l'ensemble des Israéliens ou des Juifs aux positions extrémistes du Shas ou des colons de Hébron.
Alors je ne suis pas ce genre d'anti-Israël.
Pour moi, l'important est de dénoncer la contradiction essentielle entre la politique ethnocentrique, raciste et coloniale de l'état d'Israël et sa prétention à être reconnu comme une démocratie occidentale, la contradiction entre l'humanisme juif et les abus des droits de l'homme en Palestine occupée, l'important est de montrer que l'idéal sioniste (peut-être pas celui de Ahad Ha'am, mais celui de Jabotinski et de Ben Gurion) ne peut pas être compatible avec la démocratie et l'anti-racisme, l'important est de soutenir les Justes au sein d'Israël qui dénoncent les atrocités commises par l'armée, la police et les colons en leur nom.
Ce n'est pas une position militante aisément étiquetable, mais, après plus d'un mois sur place, c'est la position à laquelle j'arrive. Elle ne débouche pas naturellement sur des actions militantes évidentes (boycott ?), mais sur un soutien plus ciblé; elle n'indique pas une solution évidente (un état ou deux états ?) et ne prétend pas dicter aux parties en présence ce qui est bien et ce qui ne l'est pas, mais elle soutient ce qui va dans le sens de la vraie démocratie, de la justice et de l'égalité.
J'habite Paris, pas Jérusalem, je ne suis ni juif, ni arabe; je viens d'une famille où on a sauvé des Juifs il y a 65 ans et aidé des Arabes il y a 50 ans. Mes actions futures seront sans doute de deux types : aider telle organisation palestinienne ou israélienne activiste à mieux fonctionner, à mieux se faire connaître, et apporter ma modeste contribution à l'effort de destruction des mythes véhiculés par la propagande pro-israélienne.
Et puis, inch'allah, l'an prochain à Jérusalem, de nouveau.
dimanche 31 août 2008
jeudi 28 août 2008
Military sex
De retour, rangeant mes papiers, préparant ce que je veux écrire, je relis Time Out Israel, copie conforme du Time Out londonien. Un article de David Sama Galdi est titré "Dating, Israeli style'. Il écrit, entre autres conseils de drague homo ou hétéro, "waking up with an Israeli beside you and a green army uniform strewn on the floor brings on an almost religious epiphany -THIS is why I'm a Zionist !"
verbatim, majuscules comprises
verbatim, majuscules comprises
mardi 26 août 2008
Dehors
J'étais un peu nerveux, j'avais nettoyé mon appareil photo et mon téléphone, les fichiers dans mon ordinateur avaient des noms anodins, mais tout s'est bien passé: T shirt noir, croix pectorale en bois et air innocent. Je suis venu faire du tourisme sur les pas du Christ, Jérusalem, Nazareth, Tibériade, Bethlehem. Ca passe. Evidemment quelqu'un de plus jeune aurait plus de mal, surtout une jeune femme voyageant seule : elle est bien sûr une proie révée pour les séducteurs palestiniens qui vont abuser de sa naïveté et l'utiliser pour transporter une bombe ou des documents compromettants.
Une fois dans l'avion, je range ma croix et ouvre un livre de Mahmud Darwish sous le regard haineux de ma voisine.
Ca fait du bien de revenir dans un monde à peu près normal, démocratique, équilibré.
Dans les jours qui viennent, je vais écrire quelques articles récapitulatifs, avec ce que j'ai appris, les questions que j'ai, peut-être mes désirs futurs. Je ne sais pas si je continuerai ce blog, qui ne sera plus de voyage, mais d'opinion. Je vais aussi essayer d'écrire un article pour publication, si j'y parviens.
Une fois dans l'avion, je range ma croix et ouvre un livre de Mahmud Darwish sous le regard haineux de ma voisine.
Ca fait du bien de revenir dans un monde à peu près normal, démocratique, équilibré.
Dans les jours qui viennent, je vais écrire quelques articles récapitulatifs, avec ce que j'ai appris, les questions que j'ai, peut-être mes désirs futurs. Je ne sais pas si je continuerai ce blog, qui ne sera plus de voyage, mais d'opinion. Je vais aussi essayer d'écrire un article pour publication, si j'y parviens.
Sosie
J'ai les cheveux coupés court, une barbe de 15 jours, le teint bronzé, et l'air un peu plus athlétique que d'ordinaire. Je prends un verre avec une jeune femme qui parle hébreu dans un café d'un quartier populaire. Un homme de 35 ans environ, peintre en bâtiment apparemment, me regarde s'approche de moi et me parle en hébreu.
Ma convive lui répond 'non', éclate de rire. L'homme sourit et s'excuse (ça a l'air évident, mais sourires et excuses ne sont pas si fréquents ici).
Il a demandé si j'étais le colonel David Ben Zvi qu'il a connu dans l'armée. Ni elle, ni moi ne savons qui est ce colonel (Google non plus, apparemment), mais le fait que je puisse passer pour un colonel de l'IDF nous amuse beaucoup.
Ma convive lui répond 'non', éclate de rire. L'homme sourit et s'excuse (ça a l'air évident, mais sourires et excuses ne sont pas si fréquents ici).
Il a demandé si j'étais le colonel David Ben Zvi qu'il a connu dans l'armée. Ni elle, ni moi ne savons qui est ce colonel (Google non plus, apparemment), mais le fait que je puisse passer pour un colonel de l'IDF nous amuse beaucoup.
Bachir
Un verre dans un bistrot un peu branché de Tel-Aviv avec un activiste israélien anti-occupation de mon âge. On parle de l'indifférence, du fait que très peu réfléchissent, s'opposent à ce qui est fait en leur nom. On parle de l'impact de 'Valse avec Bachir', il me dit "tu vas voir".
De sa voix forte, il interpelle les clients du bar, qui ont la trentaine pour la plupart (trop jeunes pour la guerre du Liban de 1982, mais qui ont pu prendre part à celle de 2006) : "Je suis avec un ami français qui me pose des questions. Qui a vu le film 'Valse avec Bachir' ?". La quasi totalité des mains se lèvent.
"Qu'en avez-vous pensé ?" " bon film, émouvant, très vrai"
" Est-ce que ça a changé votre opinion sur la politique du pays ?" "non, pas de raison, c'est juste un film, de toute façon ça ne regarde pas le Français".
Une seule jeune femme vient nous voir un peu plus tard, prend un verre avec nous, discute; elle était au Liban en 2006. En rentrant, elle s'est engagée dans un mouvement pacifiste. Elle parle de mauvaise conscience, du fait que sa famille, ses amis ne la comprennent pas, font pression sur elle. Elle dit que , face à l'idéologie ambiante, omni-présente, il faut du courage pour oser remettre en question, réfléchir.
De sa voix forte, il interpelle les clients du bar, qui ont la trentaine pour la plupart (trop jeunes pour la guerre du Liban de 1982, mais qui ont pu prendre part à celle de 2006) : "Je suis avec un ami français qui me pose des questions. Qui a vu le film 'Valse avec Bachir' ?". La quasi totalité des mains se lèvent.
"Qu'en avez-vous pensé ?" " bon film, émouvant, très vrai"
" Est-ce que ça a changé votre opinion sur la politique du pays ?" "non, pas de raison, c'est juste un film, de toute façon ça ne regarde pas le Français".
Une seule jeune femme vient nous voir un peu plus tard, prend un verre avec nous, discute; elle était au Liban en 2006. En rentrant, elle s'est engagée dans un mouvement pacifiste. Elle parle de mauvaise conscience, du fait que sa famille, ses amis ne la comprennent pas, font pression sur elle. Elle dit que , face à l'idéologie ambiante, omni-présente, il faut du courage pour oser remettre en question, réfléchir.
Encore un musée passionnant...
Le Lehi, ou groupe (gang) Stern, ou Freedom Fighters of Israel a aussi son musée, toujours sous l’égide du Ministère de la Défense. Ce groupe a été créé en septembre 1939 au début de la deuxième guerre mondiale, quand les dirigeants de l’Irgun-Etzel ont jugé que, puisque la Grande-Bretagne était en guerre avec l’Allemagne nazie, il fallait faire une trêve dans les combats avec les Britanniques pour la durée de la guerre, traduisant ainsi leur sens des priorités (proclamation de David Raziel, chef de l’Irgun le 5 septembre 1939).
Abraham (Yair) Stern et son second Yitzak Shamir qui deviendra plus tard, lui aussi (comme Begin de l’Irgun), Premier Ministre d’Israël, ont refusé cette trêve et ont décidé que la lutte contre les Britanniques devaient continuer. Certains d’entre eux (Shamir, pourtant chef des opérations du groupe, a toujours dénié avoir été au courant) ont pris contact avec le Troisième Reich par l’intermédiaire de ses représentants à Beyrouth pour lui proposer une alliance : débarrassez-vous des Juifs allemands en les envoyant en Palestine, fournissez-nous des armes et nous ouvrirons un nouveau front anti-Anglais qui vous aidera à les battre. Cet épisode, tout à fait documenté par des documents historiques, ni plus ni moins glorieux que l’alliance tout aussi tactique proposée par le Grand Mufti de Jérusalem aux Allemands, mais nettement plus surprenant, n’est pas mentionné dans ce musée, bizarrement, et, très franchement, je n’ai pas osé poser la question.
Ce qui est bien mentionné, par contre, c’est l’assassinat le 17 septembre 1948 par le groupe Stern du Comte Bernadotte, mandataire de l’ONU chargé de trouver une solution au conflit. Le plan que Bernadotte proposait comprenait :
- une unité territoriale avec deux états (une sorte de confédération)
- l’état juif n’aurait pas de continuité territoriale mais des points de passage
- les juifs auraient une autonomie municipale à Jérusalem
- 300 000 réfugiés arabes pourraient revenir
- l’immigration juive pouvait continuer (sans limite de nombre) pendant deux ans
- après deux ans, immigration et retour des réfugiés serait soumis à l’accord de l’autre état
Quand on lit ce plan (tel qu’il est décrit dans le musée du Lehi), on se dit qu’il était infiniment plus généreux pour les juifs que ne le sont les propositions d’Israël aux Palestiniens depuis 25 ans…
Et comme c’est expliqué dans ce musée (je le rappelle, musée officiel de l’Etat d’Israël), ce plan était inacceptable, donc Bernadotte a été assassiné et ensuite le plan a été abandonné. Une excellente manière de résoudre les problèmes.
Dans le programme du groupe en une vingtaine de points, il est dit qu’Israël doit avoir les frontières prescrites dans la Torah (ça comprend au moins toute la Jordanie et sans doute davantage), mais surtout le point n°14 est éloquent :
« The Gentiles: Solving the problem of the gentiles by population exchange » (il ya bien écrit 'gentiles' et non pas 'Aliens' comme le dit Wikipédia)
En bon français, ça s’appelle de l’épuration ethnique.
Enfin, vous admirerez l’orange et la banane piègées…
Abraham (Yair) Stern et son second Yitzak Shamir qui deviendra plus tard, lui aussi (comme Begin de l’Irgun), Premier Ministre d’Israël, ont refusé cette trêve et ont décidé que la lutte contre les Britanniques devaient continuer. Certains d’entre eux (Shamir, pourtant chef des opérations du groupe, a toujours dénié avoir été au courant) ont pris contact avec le Troisième Reich par l’intermédiaire de ses représentants à Beyrouth pour lui proposer une alliance : débarrassez-vous des Juifs allemands en les envoyant en Palestine, fournissez-nous des armes et nous ouvrirons un nouveau front anti-Anglais qui vous aidera à les battre. Cet épisode, tout à fait documenté par des documents historiques, ni plus ni moins glorieux que l’alliance tout aussi tactique proposée par le Grand Mufti de Jérusalem aux Allemands, mais nettement plus surprenant, n’est pas mentionné dans ce musée, bizarrement, et, très franchement, je n’ai pas osé poser la question.
Ce qui est bien mentionné, par contre, c’est l’assassinat le 17 septembre 1948 par le groupe Stern du Comte Bernadotte, mandataire de l’ONU chargé de trouver une solution au conflit. Le plan que Bernadotte proposait comprenait :
- une unité territoriale avec deux états (une sorte de confédération)
- l’état juif n’aurait pas de continuité territoriale mais des points de passage
- les juifs auraient une autonomie municipale à Jérusalem
- 300 000 réfugiés arabes pourraient revenir
- l’immigration juive pouvait continuer (sans limite de nombre) pendant deux ans
- après deux ans, immigration et retour des réfugiés serait soumis à l’accord de l’autre état
Quand on lit ce plan (tel qu’il est décrit dans le musée du Lehi), on se dit qu’il était infiniment plus généreux pour les juifs que ne le sont les propositions d’Israël aux Palestiniens depuis 25 ans…
Et comme c’est expliqué dans ce musée (je le rappelle, musée officiel de l’Etat d’Israël), ce plan était inacceptable, donc Bernadotte a été assassiné et ensuite le plan a été abandonné. Une excellente manière de résoudre les problèmes.
Dans le programme du groupe en une vingtaine de points, il est dit qu’Israël doit avoir les frontières prescrites dans la Torah (ça comprend au moins toute la Jordanie et sans doute davantage), mais surtout le point n°14 est éloquent :
« The Gentiles: Solving the problem of the gentiles by population exchange » (il ya bien écrit 'gentiles' et non pas 'Aliens' comme le dit Wikipédia)
En bon français, ça s’appelle de l’épuration ethnique.
Enfin, vous admirerez l’orange et la banane piègées…
Pour la bonne cause
Une longue liste:
« The exhibit includes documents, press clippings, photographs, weapons, films and audio-visual models bringing to life the terrorist acts and combat operations.»
Et les mots ‘the terrorist acts and’ ont été rayés à la main.
Mais de qui se moque-t-on ? Comment peut-on vivre avec cette mauvaise conscience ?
20 avril : tirs sur des civils, un mort, un blessé
22 avril : tirs sur des civils
17 août : tirs et jets de grenades sur un train, un mort, six blessés
22 mars : bombe dans un café
11 novembre : bombe dans un garage, deux morts, cinq blessés
27 décembre : tirs sur un autobus et sur un camion
décembre : tirs sur des voitures de civils
11 avril : bombes à retardement dans un train, quatre morts
21 avril : jet de grenade dans un bus
26 juin : bombes dans le marché
5 juillet : tirs sur des bus
6 juillet : bombes dans deux marchés
10 juillet : attaque de la station de bus, 3 morts, 14 blessés
15 juillet : bombe camouflée dans une boîte de concombres dans un marché, des dizaines de morts et de blessés
26 juillet : bombe à retardement dans le marché aux parfums
août : bombe à retardement dans un bus
26 août : bombes dans le marché
Octobre : mine sous un camion
10 août : bombes dans des colis postaux, un mort, trois blessés
20 juin : bombes et tirs dans un marché, 52 morts, 32 blessés
30 juin : bombe dans un café, 12 blessés
30 juin : tirs sur un bus
4 juillet : bombe dans un café, un mort, 42 blessés
5 juillet : bombe sur un camion, trois blessés
2 août : attaque d’une station de radio, un mort, un blessé
27 février : attaque de l’hôtel des impôts
12 juin : attaque d’un train postal, vol de la paye des employés des chemins de fer
22 juillet : bombes, camouflées en bidons de lait (ci-contre), dans un hôtel, 91 morts, des centaines de blessés
9 septembre : destruction de lignes de chemin de fer
31 octobre : bombes contre l’ambassade à Rome
20 novembre : destruction d’un hôtel des impôts
20 février : sabotage d’installations industrielles
29 juillet : meurtre par pendaison de deux sergents ennemis en représailles à l’exécution de deux combattants (non, ce n'est pas le Hezbollah)
4 août : attaque d’un mess à Vienne
5 août : bombe au Ministère des Travaux Publics
14 août : attaque d’un train en Autriche
9 avril : tuerie 'accidentelle' de 100 à 200 civils dans l’attaque d’un village ennemi (plus sur ce sujet ci-dessous)
Un peu lassant, comme liste d’attentats, pour l’essentiel contre des civils : une série accusatrice de crimes de guerre, dirait-on.
C’est un extrait, partiel mais verbatim, des pages 245 à 279 du livre ‘The Irgun’ par Joseph Kister, publié en 2000 par la maison de publication du Ministère de la Défense Israélien (ISBN 965-05-09941), en vente au Musée de l’Etzel à Tel-Aviv pour 30 shekels. Les années vont de 1936 à 1948.
Les trois éléments que j’ai mis en gras sont bien entendu l’attentat de l’hôtel King David (1946), l’assassinat des deux sergents anglais kidnappés et exécutés par l’Irgun (1947), et le massacre de Deir Yassine (1948).
Même pour un observateur plein de sympathie pour 'la bonne cause', tous ces actes sont évidemment en contradiction totale avec le doit international, avec les conventions de Genève, avec la Charte de l’ONU et avec toute conception humaine de la civilisation. Ce sont tous des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité.
On pourrait ajouter le fait que les combattants de l’Irgun – Etzel revêtaient le plus souvent des uniformes britanniques et, dans certains cas, utilisaient des faux passeports d’Afrique du Sud ou du Honduras ; autre crime de guerre, l’utilisation d’hôpitaux comme caches d’armes.
Et ces crimes de guerre, ces attaques contre des civils, ces meurtres sont présentés dans ce musée comme des hauts faits d’arme à glorifier. Le Musée, qui dépend du Ministère de la Défense, avait ce jour là pour seuls visiteurs, à par moi, des militaires bien encadrés, priant pour leurs prédécesseurs morts héroïquement au combat.
Avant de me laisser visiter le musée Etzel / Jabotinsky, un garde a contrôlé mon identité et a vérifié tous les tampons de mon passeport. Heureusement, le seul ‘suspect’ était un tampon jordanien d’il y a 4 ans et j’ai dû répondre à ses questions : ‘vous êtes allé où en Jordanie ? pourquoi ? avez-vous des amis jordaniens ?’ Mais c'est vrai qu'en visitant ce musée, on apprend comment faire une bombe (ci-dessous).
L’actualité de ce musée est étonnante, on pourrait transposer mot pour mot certains des textes (et des actes) dans la situation actuelle. Mais alors c’était pour la bonne cause, alors qu’aujourd’hui, c’est du terrorisme jihado-islamique. Ce pays est vraiment malade !
Est-il besoin d’ajouter que le responsable de la plupart de ces actes, Menachem Begin, est ensuite devenu premier ministre d’Israël ?
22 avril : tirs sur des civils
17 août : tirs et jets de grenades sur un train, un mort, six blessés
22 mars : bombe dans un café
11 novembre : bombe dans un garage, deux morts, cinq blessés
27 décembre : tirs sur un autobus et sur un camion
décembre : tirs sur des voitures de civils
11 avril : bombes à retardement dans un train, quatre morts
21 avril : jet de grenade dans un bus
26 juin : bombes dans le marché
5 juillet : tirs sur des bus
6 juillet : bombes dans deux marchés
10 juillet : attaque de la station de bus, 3 morts, 14 blessés
15 juillet : bombe camouflée dans une boîte de concombres dans un marché, des dizaines de morts et de blessés
26 juillet : bombe à retardement dans le marché aux parfums
août : bombe à retardement dans un bus
26 août : bombes dans le marché
Octobre : mine sous un camion
10 août : bombes dans des colis postaux, un mort, trois blessés
20 juin : bombes et tirs dans un marché, 52 morts, 32 blessés
30 juin : bombe dans un café, 12 blessés
30 juin : tirs sur un bus
4 juillet : bombe dans un café, un mort, 42 blessés
5 juillet : bombe sur un camion, trois blessés
2 août : attaque d’une station de radio, un mort, un blessé
27 février : attaque de l’hôtel des impôts
12 juin : attaque d’un train postal, vol de la paye des employés des chemins de fer
22 juillet : bombes, camouflées en bidons de lait (ci-contre), dans un hôtel, 91 morts, des centaines de blessés
9 septembre : destruction de lignes de chemin de fer
31 octobre : bombes contre l’ambassade à Rome
20 novembre : destruction d’un hôtel des impôts
20 février : sabotage d’installations industrielles
29 juillet : meurtre par pendaison de deux sergents ennemis en représailles à l’exécution de deux combattants (non, ce n'est pas le Hezbollah)
4 août : attaque d’un mess à Vienne
5 août : bombe au Ministère des Travaux Publics
14 août : attaque d’un train en Autriche
9 avril : tuerie 'accidentelle' de 100 à 200 civils dans l’attaque d’un village ennemi (plus sur ce sujet ci-dessous)
Un peu lassant, comme liste d’attentats, pour l’essentiel contre des civils : une série accusatrice de crimes de guerre, dirait-on.
C’est un extrait, partiel mais verbatim, des pages 245 à 279 du livre ‘The Irgun’ par Joseph Kister, publié en 2000 par la maison de publication du Ministère de la Défense Israélien (ISBN 965-05-09941), en vente au Musée de l’Etzel à Tel-Aviv pour 30 shekels. Les années vont de 1936 à 1948.
Les trois éléments que j’ai mis en gras sont bien entendu l’attentat de l’hôtel King David (1946), l’assassinat des deux sergents anglais kidnappés et exécutés par l’Irgun (1947), et le massacre de Deir Yassine (1948).
Même pour un observateur plein de sympathie pour 'la bonne cause', tous ces actes sont évidemment en contradiction totale avec le doit international, avec les conventions de Genève, avec la Charte de l’ONU et avec toute conception humaine de la civilisation. Ce sont tous des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité.
On pourrait ajouter le fait que les combattants de l’Irgun – Etzel revêtaient le plus souvent des uniformes britanniques et, dans certains cas, utilisaient des faux passeports d’Afrique du Sud ou du Honduras ; autre crime de guerre, l’utilisation d’hôpitaux comme caches d’armes.
Et ces crimes de guerre, ces attaques contre des civils, ces meurtres sont présentés dans ce musée comme des hauts faits d’arme à glorifier. Le Musée, qui dépend du Ministère de la Défense, avait ce jour là pour seuls visiteurs, à par moi, des militaires bien encadrés, priant pour leurs prédécesseurs morts héroïquement au combat.
Avant de me laisser visiter le musée Etzel / Jabotinsky, un garde a contrôlé mon identité et a vérifié tous les tampons de mon passeport. Heureusement, le seul ‘suspect’ était un tampon jordanien d’il y a 4 ans et j’ai dû répondre à ses questions : ‘vous êtes allé où en Jordanie ? pourquoi ? avez-vous des amis jordaniens ?’ Mais c'est vrai qu'en visitant ce musée, on apprend comment faire une bombe (ci-dessous).
L’actualité de ce musée est étonnante, on pourrait transposer mot pour mot certains des textes (et des actes) dans la situation actuelle. Mais alors c’était pour la bonne cause, alors qu’aujourd’hui, c’est du terrorisme jihado-islamique. Ce pays est vraiment malade !
Est-il besoin d’ajouter que le responsable de la plupart de ces actes, Menachem Begin, est ensuite devenu premier ministre d’Israël ?
Il n'ya rien non plus sur la tentative d'assassinat du Chancelier allemand Konrad Adenauer par l'Irgun (devenu Herut, toujours dirigé par Begin) en 1952.
Il y a un autre Musée de l’Etzel, au bord de la mer, là où était le quartier arabe de Manshiya, partie de la ville arabe de Jaffa qui avait 80 000 habitants en 1948. A la place de Manshyia, rien, un terrain vague, plus une seule maison, plus un seul vestige, excepté ce musée, construit sur des ruines. L’opération contre Jaffa et Manshiya s’appelait Hametz : le nettoyage, l’épuration.
Dans ce second musée, où j’étais encore le seul visiteur en civil au milieu de jeunes soldates de 18 ans en train d’apprendre ‘l’histoire’ (ci-dessous, deriière la vitre), plus d’informations sur Deir Yassine. C’est, d’après l’histoire officielle, la seule fois où les combattants de l’Irgoun-Etzel et du groupe Stern ont voulu prévenir la population civile qu’ils allaient attaquer et que femmes, enfants et vieillards devaient quitter le village avant l’assaut. Pour quoi ne le faisaient-ils pas d’habitude ? Pas d’explication. Et justement, cette seule et unique fois, le camion avec le haut-parleur a eu une roue coincée dans un fossé à un kilomètre du village : pas de chance, on n’a pas pu prévenir les civils. Après la prise du village, les combattants ont annoncé 200 morts : vaine gloriole, les historiens ont ensuite réduit leur exploit à moins de 100 morts, principalement des civils bien entendu, hélas pas prévenus par le haut-parleur bloqué.. On a parfois l’impression d’être pris pour des imbéciles, mais plus c’est gros, plus ça passe.
Sur l’épuration ethnique, il faut lire Ilan Pappé, mais surtout Benny Morris. Ce dernier donne un décompte très précis des villages qui ont été vidés de leurs habitants et des raisons du départ de ces habitants, la quasi-totalité étant le fait que les unités israéliennes régulières (Haganna) ou irrégulières (Irgun-Etzel et Lehi-groupe Stern) ont massacré et chassé les civils. Il fait justice du mythe longtemps répandu par Israël des émissions radio des pays arabes enjoignant aux habitants de partir. Ce qui est très intéressant, c’est que Benny Morris pense que Ben Gurion a eu parfaitement raison de mener cette épuration ethnique, qu’elle était éthique et justifiée, et qu’il est dommage que Ben Gurion n’ait pas eu le courage de la mener à bien jusqu’au bout, jusqu’au Jourdain, jusqu’à la ‘solution finale’ en quelque sorte. C'est assez cohérent...
On me remet gentiment la petite brochure sur les musées militaires (visiteur assidu, j’ai droit à un tarif réduit) titrée State of Israel, Ministry of Defence, Museums Unit, datée de février 1996, tout ce qu’il y a de plus officiel (scan ci-dessous). La page décrivant le premier musée de l’Etzel, au milieu de la brochure, comprend une photo et un texte explicatif de 10 lignes, dont la fin est :
Il y a un autre Musée de l’Etzel, au bord de la mer, là où était le quartier arabe de Manshiya, partie de la ville arabe de Jaffa qui avait 80 000 habitants en 1948. A la place de Manshyia, rien, un terrain vague, plus une seule maison, plus un seul vestige, excepté ce musée, construit sur des ruines. L’opération contre Jaffa et Manshiya s’appelait Hametz : le nettoyage, l’épuration.
Dans ce second musée, où j’étais encore le seul visiteur en civil au milieu de jeunes soldates de 18 ans en train d’apprendre ‘l’histoire’ (ci-dessous, deriière la vitre), plus d’informations sur Deir Yassine. C’est, d’après l’histoire officielle, la seule fois où les combattants de l’Irgoun-Etzel et du groupe Stern ont voulu prévenir la population civile qu’ils allaient attaquer et que femmes, enfants et vieillards devaient quitter le village avant l’assaut. Pour quoi ne le faisaient-ils pas d’habitude ? Pas d’explication. Et justement, cette seule et unique fois, le camion avec le haut-parleur a eu une roue coincée dans un fossé à un kilomètre du village : pas de chance, on n’a pas pu prévenir les civils. Après la prise du village, les combattants ont annoncé 200 morts : vaine gloriole, les historiens ont ensuite réduit leur exploit à moins de 100 morts, principalement des civils bien entendu, hélas pas prévenus par le haut-parleur bloqué.. On a parfois l’impression d’être pris pour des imbéciles, mais plus c’est gros, plus ça passe.
Sur l’épuration ethnique, il faut lire Ilan Pappé, mais surtout Benny Morris. Ce dernier donne un décompte très précis des villages qui ont été vidés de leurs habitants et des raisons du départ de ces habitants, la quasi-totalité étant le fait que les unités israéliennes régulières (Haganna) ou irrégulières (Irgun-Etzel et Lehi-groupe Stern) ont massacré et chassé les civils. Il fait justice du mythe longtemps répandu par Israël des émissions radio des pays arabes enjoignant aux habitants de partir. Ce qui est très intéressant, c’est que Benny Morris pense que Ben Gurion a eu parfaitement raison de mener cette épuration ethnique, qu’elle était éthique et justifiée, et qu’il est dommage que Ben Gurion n’ait pas eu le courage de la mener à bien jusqu’au bout, jusqu’au Jourdain, jusqu’à la ‘solution finale’ en quelque sorte. C'est assez cohérent...
On me remet gentiment la petite brochure sur les musées militaires (visiteur assidu, j’ai droit à un tarif réduit) titrée State of Israel, Ministry of Defence, Museums Unit, datée de février 1996, tout ce qu’il y a de plus officiel (scan ci-dessous). La page décrivant le premier musée de l’Etzel, au milieu de la brochure, comprend une photo et un texte explicatif de 10 lignes, dont la fin est :
« The exhibit includes documents, press clippings, photographs, weapons, films and audio-visual models bringing to life the terrorist acts and combat operations.»
Et les mots ‘the terrorist acts and’ ont été rayés à la main.
Mais de qui se moque-t-on ? Comment peut-on vivre avec cette mauvaise conscience ?
Encore une histoire de checkpoint
Encore une histoire de checkpoint (photo du mirador à Qalandia). Et pourtant mes passages de détenteur d’un passeport français n’ont rien à voir avec ce qu’endurent les Palestiniens.
Ce matin-là, dans le minibus, une jeune femme avec un bébé qui doit avoir un mois, pas plus. Elle reste dans le bus au checkpoint avec moi et quelques vieilles.
La jeune soldate qui monte dans le bus, accompagné par un homme d’une des sociétés à qui la sécurité est sous-traitée, doit avoir moins de 20 ans. Mépris et brutalité habituels.
La jeune mère a le certificat de naissance du bébé, établi par l’état-civil palestinien, mais il n’est pas encore inscrit sur son laissez-passer israélien qui lui permet d’aller à Jérusalem.
Ma voisine me traduit à mi-voix (et se fait engueuler par la soldate : l’étranger n’a pas besoin de savoir !) : la grand-mère, qui vit à Jérusalem, est mourante, la mère veut qu’elle voit son petit-fils avant de mourir, elle n’a pas encore eu le rendez-vous pour inscrire le bébé sur son laissez-passer, qui prend un mois d’attente.
La soldate s’en fout, le bébé ne peut pas passer, la mère seule peut. Ca commence à chauffer un peu, les vieilles s’énervent, crient, supplient, la jeune mère est en larmes, le chauffeur ne dit rien (on m’a dit que les chauffeurs de ces minibus étaient plus ou moins collabos), la soldate ne veut rien entendre, c’est le ‘mercenaire’, plus calme, plus âgé qui finalement va chercher un sergent qui décide que le bébé peut passer.
Au fait, le mur et les checkpoints, c’est pour la sécurité d’Israël, menacée par un bébé d’un mois. Par contre, on n’a pas vérifié ma valise, ni aucun des autres bagages dans le coffre du bus : on passait tranquillement des armes et des explosifs, aucun contrôle. Sous couvert de sécurité, une fois de plus, humiliation et racisme, la matrice de contrôle.
Ce matin-là, dans le minibus, une jeune femme avec un bébé qui doit avoir un mois, pas plus. Elle reste dans le bus au checkpoint avec moi et quelques vieilles.
La jeune soldate qui monte dans le bus, accompagné par un homme d’une des sociétés à qui la sécurité est sous-traitée, doit avoir moins de 20 ans. Mépris et brutalité habituels.
La jeune mère a le certificat de naissance du bébé, établi par l’état-civil palestinien, mais il n’est pas encore inscrit sur son laissez-passer israélien qui lui permet d’aller à Jérusalem.
Ma voisine me traduit à mi-voix (et se fait engueuler par la soldate : l’étranger n’a pas besoin de savoir !) : la grand-mère, qui vit à Jérusalem, est mourante, la mère veut qu’elle voit son petit-fils avant de mourir, elle n’a pas encore eu le rendez-vous pour inscrire le bébé sur son laissez-passer, qui prend un mois d’attente.
La soldate s’en fout, le bébé ne peut pas passer, la mère seule peut. Ca commence à chauffer un peu, les vieilles s’énervent, crient, supplient, la jeune mère est en larmes, le chauffeur ne dit rien (on m’a dit que les chauffeurs de ces minibus étaient plus ou moins collabos), la soldate ne veut rien entendre, c’est le ‘mercenaire’, plus calme, plus âgé qui finalement va chercher un sergent qui décide que le bébé peut passer.
Au fait, le mur et les checkpoints, c’est pour la sécurité d’Israël, menacée par un bébé d’un mois. Par contre, on n’a pas vérifié ma valise, ni aucun des autres bagages dans le coffre du bus : on passait tranquillement des armes et des explosifs, aucun contrôle. Sous couvert de sécurité, une fois de plus, humiliation et racisme, la matrice de contrôle.
vendredi 22 août 2008
Un cheval pour Sophie
Musées de Tel Aviv
D’après mon guide, il y a 22 musées à Tel-Aviv. J’aurais vu 5 des 7 musées artistiques (Musée d’Art, Pavillon Helena Rubinstein –avec une expo d’architecture dont je ne parlerai pas-, Musée Nahum Gutman, Musée Rubin, Musée Ilana Goor), mais pas le Musée Shalom Aleichem, ni la maison de Bialik (fermée) ; et j’ai aussi visité le Centre Bauhaus et quelques galeries.
Les autres musées se rangent en trois catégories :
- 6 musées historiques, où je vais essayer de faire un tour, au moins pour les premiers (Musée de la Diaspora, Musée Eretz Israël, maison Rokach, Musée de la Bible, Musée de l’Indépendance, Musée Ben Gurion),
- 2 observatoires scientifiques qui ne m’intéressent que modérément (Azrieli et Colbo Shalom),
- et 7 musées militaires ou para-militaires, dont, finalement, je suis allé visiter certai s : non seulement celui de Tsahal, mais aussi le musée du Lehi (ou groupe Stern), trois musées pour l’Etzel ou Irgun et son fondateur Jabotinski, le musée de la Haganah et le musée du Palmakh.
Soit un tiers des musées de la ville dédiés à la chose militaire, voire aux groupes para-militaires dont les hauts faits sont connus (Hôtel King David, Deir Yassine, Comte Bernadotte).
Remarquez, je ne suis pas allé voir de musée des martyrs de l’Intifada, si tant est qu’il en existe un de l’autre côté du mur.
Les autres musées se rangent en trois catégories :
- 6 musées historiques, où je vais essayer de faire un tour, au moins pour les premiers (Musée de la Diaspora, Musée Eretz Israël, maison Rokach, Musée de la Bible, Musée de l’Indépendance, Musée Ben Gurion),
- 2 observatoires scientifiques qui ne m’intéressent que modérément (Azrieli et Colbo Shalom),
- et 7 musées militaires ou para-militaires, dont, finalement, je suis allé visiter certai s : non seulement celui de Tsahal, mais aussi le musée du Lehi (ou groupe Stern), trois musées pour l’Etzel ou Irgun et son fondateur Jabotinski, le musée de la Haganah et le musée du Palmakh.
Soit un tiers des musées de la ville dédiés à la chose militaire, voire aux groupes para-militaires dont les hauts faits sont connus (Hôtel King David, Deir Yassine, Comte Bernadotte).
Remarquez, je ne suis pas allé voir de musée des martyrs de l’Intifada, si tant est qu’il en existe un de l’autre côté du mur.
Crime de guerre
Un attentat suicide est un crime de guerre : toute action visant des civils est un crime de guerre. Toute action : c’est la définition reconnue par la loi internationale. Quel que soit son moyen, quelle que soit son intention.
Résister à l’occupation est un acte reconnu par la loi internationale : résister veut dire s’en prendre aux forces armées de l’occupant, y compris les milices para-militaires ou les supplétifs. Q’on se prenne à eux avec des armes à feu, des explosifs ou de simples pierres, c’est un acte de résistance de la part d’un résistant, d’un partisan, d’un guerrillero, pas nécessairement un soldat régulier, et il y a toute une jurisprudence internationale à ce sujet (pas toujours respectée, bien sûr, ni pendant la bataille d’Alger, ni à Guantanamo).
Mais s’attaquer à des civils est un crime de guerre.
Une voiture piégée ou un attentat suicide, que ce soit dans un bar de Tel Aviv ou à l’Hötel King David de Jérusalem, un massacre de civils, que ce soit dans une yeshiva à Jérusalem ou dans une mosquée à Hébron, dans un village comme Deir Yassine ou dans un camp comme Sabra et Chatila, ce sont des crimes de guerre.
Lancer une bombe d’une tonne sur un immeuble, en tuant tous les habitants dont un leader de la résistance n’est pas moins un crime de guerre que se faire exploser dans un bar où se trouvent des soldats au milieu des civils.
Détruire une maison avec ses occupants à l’intérieur, comme dans le quartier maghrébin de la vieille ville de Jérusalem en 1967 ou à Jenine, tuer avec un bulldozer une activiste américaine qui tente de s’opposer à la destruction d’une maison à Rafah (Rachel Corrie, 16 mars 2003), tirer sur un cameraman de Reuters (et tuer 4 personnes en même temps que lui) alors qu’il porte une veste marquée PRESS, en prétextant que le tripode de sa caméra ressemble à un lance-roquettes (et être blanchi par l’enquête interne de l’IDF), ce sont aussi des crimes de guerre.
Oui, les Israéliens ont longtemps vécu dans la crainte des attentats suicides (et ont développé une phobie de la sécurité qui permet tout), oui certains jeunes Palestiniens sont tellement désespérés qu’ils sont prêts à tout (et certains de leurs dirigeants nt canalisé cette frustration vers les attentats suicides au lieu de le faire vers la lutte armée), il serait vain de le nier, ou de l’excuser en disant que la situation est bien pire pour les Palestiniens (et le demeure). Mais cela ne justifie pas les crimes de guerre. Leurs auteurs doivent être poursuivis : les Palestiniens sont tués, soit sur le champ, soit plus tard par les tueurs du Mossad, et leurs familles font l’objet de représailles, comme les destructions de maison. Les Israéliens sont presque toujours blanchis par des enquêtes internes, il n’y a jamais d’enquête objective internationale ; les sanctions sont rares et minimes.
Et trois terroristes sont devenus Premier Ministre d’Israël : Menahem Begin (Irgun : attentat du King David, massacre de Deir Yassine), Yitzhak Shamir (Groupe Stern :massacre de Deir Yassine, assassinat du représentant de l’ONU, le Comte Bernadotte, du général français le secondant et de Lord Moyne), et Ariel Sharon (massacre de Qibya en Jordanie avec l’Unité 101, massacre de Sabra et Chatila).
J’aimerais entendre plus souvent, d’un côté ou de l’autre, une condamnation sans équivoque des crimes de guerre.
Résister à l’occupation est un acte reconnu par la loi internationale : résister veut dire s’en prendre aux forces armées de l’occupant, y compris les milices para-militaires ou les supplétifs. Q’on se prenne à eux avec des armes à feu, des explosifs ou de simples pierres, c’est un acte de résistance de la part d’un résistant, d’un partisan, d’un guerrillero, pas nécessairement un soldat régulier, et il y a toute une jurisprudence internationale à ce sujet (pas toujours respectée, bien sûr, ni pendant la bataille d’Alger, ni à Guantanamo).
Mais s’attaquer à des civils est un crime de guerre.
Une voiture piégée ou un attentat suicide, que ce soit dans un bar de Tel Aviv ou à l’Hötel King David de Jérusalem, un massacre de civils, que ce soit dans une yeshiva à Jérusalem ou dans une mosquée à Hébron, dans un village comme Deir Yassine ou dans un camp comme Sabra et Chatila, ce sont des crimes de guerre.
Lancer une bombe d’une tonne sur un immeuble, en tuant tous les habitants dont un leader de la résistance n’est pas moins un crime de guerre que se faire exploser dans un bar où se trouvent des soldats au milieu des civils.
Détruire une maison avec ses occupants à l’intérieur, comme dans le quartier maghrébin de la vieille ville de Jérusalem en 1967 ou à Jenine, tuer avec un bulldozer une activiste américaine qui tente de s’opposer à la destruction d’une maison à Rafah (Rachel Corrie, 16 mars 2003), tirer sur un cameraman de Reuters (et tuer 4 personnes en même temps que lui) alors qu’il porte une veste marquée PRESS, en prétextant que le tripode de sa caméra ressemble à un lance-roquettes (et être blanchi par l’enquête interne de l’IDF), ce sont aussi des crimes de guerre.
Oui, les Israéliens ont longtemps vécu dans la crainte des attentats suicides (et ont développé une phobie de la sécurité qui permet tout), oui certains jeunes Palestiniens sont tellement désespérés qu’ils sont prêts à tout (et certains de leurs dirigeants nt canalisé cette frustration vers les attentats suicides au lieu de le faire vers la lutte armée), il serait vain de le nier, ou de l’excuser en disant que la situation est bien pire pour les Palestiniens (et le demeure). Mais cela ne justifie pas les crimes de guerre. Leurs auteurs doivent être poursuivis : les Palestiniens sont tués, soit sur le champ, soit plus tard par les tueurs du Mossad, et leurs familles font l’objet de représailles, comme les destructions de maison. Les Israéliens sont presque toujours blanchis par des enquêtes internes, il n’y a jamais d’enquête objective internationale ; les sanctions sont rares et minimes.
Et trois terroristes sont devenus Premier Ministre d’Israël : Menahem Begin (Irgun : attentat du King David, massacre de Deir Yassine), Yitzhak Shamir (Groupe Stern :massacre de Deir Yassine, assassinat du représentant de l’ONU, le Comte Bernadotte, du général français le secondant et de Lord Moyne), et Ariel Sharon (massacre de Qibya en Jordanie avec l’Unité 101, massacre de Sabra et Chatila).
J’aimerais entendre plus souvent, d’un côté ou de l’autre, une condamnation sans équivoque des crimes de guerre.
Racisme ?
Une ethnocratie est par définition ethnique, donc structurellement raciste, puisque l’Autre, défini par son essence, est exclu. C’est un racisme de type différent de celui de l’Inquisition ou des empires musulmans : eux voulaient convertir, assimiler par la force : l’Autre était défini par sa croyance, son appartenance, et on tentait (par la contrainte) de l’en faire changer. Le racisme moderne, anti-juif il y a 70 ans ou anti-arabe aujourd’hui, ne cherche pas à faire changer l’Autre, il le nie dans son essence.
Quand le chef d’état major de l’armée israélienne qualifie les Arabes de ‘cafards drogués’, quand un dirigeant religieux dit « il n’y a pas d’animal pire que les Arabes », quand un ministre leur promet « la Shoah, et pire », et qu’il ne sont pas inquiétés, au contraire ; quand un sondage montre que 2 Israéliens juifs sur 3 refuseraient d’avoir une famille arabe dans leur immeuble, ce n’est pas du racisme ?
Bien sûr qu’il y a du racisme en contrepartie, comme les Noirs américains étaient racistes envers les Blancs qui les opprimaient, comme les Juifs du shtetl étaient racistes envers les Cosaques des pogroms. Mais il ne faut pas confondre le racisme institutionnel et structuré, celui de l’Afrique du Sud sous l’apartheid, celui des Etats-Unis esclavagistes jusqu’aux années 1960, celui du Reich nazi, avec les manifestations de racisme individuel, réactif : elles sont tout aussi haïssables, mais elles ne structurent pas la société, le pouvoir, et sont plus aisées à combattre.
Dès qu’on prononce le mot ‘racisme’ à propos d’Israël, la levée de boucliers est immédiate. Sans doute parce que la mauvaise conscience rend difficile d’être qualifié de ce dont on a souffert hier. Mais la réalité est là et bien là, hélas. Et ce racisme découle directement du concept d’ethnocratie, qui est impensable sans sélection et sans exclusion.
Quand le chef d’état major de l’armée israélienne qualifie les Arabes de ‘cafards drogués’, quand un dirigeant religieux dit « il n’y a pas d’animal pire que les Arabes », quand un ministre leur promet « la Shoah, et pire », et qu’il ne sont pas inquiétés, au contraire ; quand un sondage montre que 2 Israéliens juifs sur 3 refuseraient d’avoir une famille arabe dans leur immeuble, ce n’est pas du racisme ?
Bien sûr qu’il y a du racisme en contrepartie, comme les Noirs américains étaient racistes envers les Blancs qui les opprimaient, comme les Juifs du shtetl étaient racistes envers les Cosaques des pogroms. Mais il ne faut pas confondre le racisme institutionnel et structuré, celui de l’Afrique du Sud sous l’apartheid, celui des Etats-Unis esclavagistes jusqu’aux années 1960, celui du Reich nazi, avec les manifestations de racisme individuel, réactif : elles sont tout aussi haïssables, mais elles ne structurent pas la société, le pouvoir, et sont plus aisées à combattre.
Dès qu’on prononce le mot ‘racisme’ à propos d’Israël, la levée de boucliers est immédiate. Sans doute parce que la mauvaise conscience rend difficile d’être qualifié de ce dont on a souffert hier. Mais la réalité est là et bien là, hélas. Et ce racisme découle directement du concept d’ethnocratie, qui est impensable sans sélection et sans exclusion.
Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays où l’ethnie B, qui représente 20% de la population, n’a pas le droit d’acheter, ni de louer des terres sur 92% du territoire, qui est réservé à l’ethnie A (car sous contrôle de l’Agence Juive) ? Imaginez un instant que l’Archevêché de Paris (gros propriétaire immobilier, certes, mais pas à 92%) ne loue ses appartements que sur présentation d’un certificat de baptême. Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays qui n’a pas d’état-civil public, mais qui le confie aux dirigeants religieux des deux ethnies, si bien qu’il est impossible de se marier légalement entre les deux ethnies ? Ca vous rappelle un autre pays où les relations sexuelles entre ‘races’ différentes étaient interdites sous l’apartheid ? Remarquez, le grand médecin et théologien Maïmonides (et Moïse avant lui) prônait la mise à mort des femmes gentilles avec lesquelles des hommes juifs avaient forniqué (il prônait également le refus pour les médecins juifs de soigner des malades non-juifs). Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays qui, pour prendre ad absurdo l’exemple belge, permettrait à tous les francophones du monde de s’y installer définitivement sans la moindre formalité (même les francophones douteux, puisque au moins 30% des Russes immigrés ne sont pas reconnus comme juifs par le rabbinat, soit plus de 300 000 personnes), mais qui interdirait l’entrée à tout néerlandophone, comme par exemple un hollandais marié à une flamande de venir dans le pays ? Et a fortiori à tout habitant chassé par l’épuration ethnique menée par la terreur en 1948. Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays où les municipalités de l’ethnie B ont moins d’eau, un ramassage d’ordures moins efficace, une distribution postale moins fréquente que celles de l’ethnie A ? Elles ont aussi moins de sirènes d’alerte et moins d’abris anti-roquettes, ce qui fait qu’en cas d’attaque, l’ethnie B (20% de la population) a 40% des victimes, l’Etat ne protégeant pas tous ses citoyens de la même manière. Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays où les cours scolaires ne parlent que de l’histoire de l’ethnie A et passent sous silence l’histoire, la littérature, les arts de l’ethnie B (‘Nos ancêtres les Gaulois’) ? Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays où un parti, représenté au Parlement et au gouvernement (Yisrael Beiteinu), peut prôner la poursuite de l’épuration ethnique de l’ethnie B (déjà bien entamée en 1948) sans être poursuivi ? Ethnocratie ou démocratie ?
Et cela ne concerne que le territoire d’Israël même. Sans même se préoccuper de la (bien pire) situation des droits de l’homme dans les territoires occupés, ni du non-respect des résolutions de l’ONU et des Conventions de Genève, la seule ‘démocratie du Moyen-Orient’ a du plomb dans l’aile.
Le concept d’Etat Juif est incompatible avec le concept de démocratie. Israël est une ethnocratie où l’égalité n’existe pas et où la minorité n’a pas les mêmes droits civiques que la majorité (et bien évidemment cela se traduit aussi en termes de droits économiques et sociaux). Cette ethnocratie était inscrite dès le début dans le projet sioniste et les citations des dirigeants sionistes et israéliens en ce sens abondent.
Le discours sur ‘la seule démocratie du Moyen-Orient’ a bien du mal à être autre chose que de la propagande.
Comment qualifier un pays qui n’a pas d’état-civil public, mais qui le confie aux dirigeants religieux des deux ethnies, si bien qu’il est impossible de se marier légalement entre les deux ethnies ? Ca vous rappelle un autre pays où les relations sexuelles entre ‘races’ différentes étaient interdites sous l’apartheid ? Remarquez, le grand médecin et théologien Maïmonides (et Moïse avant lui) prônait la mise à mort des femmes gentilles avec lesquelles des hommes juifs avaient forniqué (il prônait également le refus pour les médecins juifs de soigner des malades non-juifs). Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays qui, pour prendre ad absurdo l’exemple belge, permettrait à tous les francophones du monde de s’y installer définitivement sans la moindre formalité (même les francophones douteux, puisque au moins 30% des Russes immigrés ne sont pas reconnus comme juifs par le rabbinat, soit plus de 300 000 personnes), mais qui interdirait l’entrée à tout néerlandophone, comme par exemple un hollandais marié à une flamande de venir dans le pays ? Et a fortiori à tout habitant chassé par l’épuration ethnique menée par la terreur en 1948. Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays où les municipalités de l’ethnie B ont moins d’eau, un ramassage d’ordures moins efficace, une distribution postale moins fréquente que celles de l’ethnie A ? Elles ont aussi moins de sirènes d’alerte et moins d’abris anti-roquettes, ce qui fait qu’en cas d’attaque, l’ethnie B (20% de la population) a 40% des victimes, l’Etat ne protégeant pas tous ses citoyens de la même manière. Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays où les cours scolaires ne parlent que de l’histoire de l’ethnie A et passent sous silence l’histoire, la littérature, les arts de l’ethnie B (‘Nos ancêtres les Gaulois’) ? Ethnocratie ou démocratie ?
Comment qualifier un pays où un parti, représenté au Parlement et au gouvernement (Yisrael Beiteinu), peut prôner la poursuite de l’épuration ethnique de l’ethnie B (déjà bien entamée en 1948) sans être poursuivi ? Ethnocratie ou démocratie ?
Et cela ne concerne que le territoire d’Israël même. Sans même se préoccuper de la (bien pire) situation des droits de l’homme dans les territoires occupés, ni du non-respect des résolutions de l’ONU et des Conventions de Genève, la seule ‘démocratie du Moyen-Orient’ a du plomb dans l’aile.
Le concept d’Etat Juif est incompatible avec le concept de démocratie. Israël est une ethnocratie où l’égalité n’existe pas et où la minorité n’a pas les mêmes droits civiques que la majorité (et bien évidemment cela se traduit aussi en termes de droits économiques et sociaux). Cette ethnocratie était inscrite dès le début dans le projet sioniste et les citations des dirigeants sionistes et israéliens en ce sens abondent.
Le discours sur ‘la seule démocratie du Moyen-Orient’ a bien du mal à être autre chose que de la propagande.
mercredi 20 août 2008
ONG
Il est frappant de voir le nombre d'ONGs actives en Palestine. Je suis sûr que la majorité d'entre elles font un travail utile, voire remarquable.
Mais est-il sain pour un pays d'être autant dépendant des ONGs ? Je me souviens de l'Afghanistan au milieu des années 70s (avant les Russes), où il y avait aussi profusion de programmes d'aide. Une des questions qui se posent (très bon article là dessus dans 'This Week in Palestine' du mois d'août; oui, c'est un mensuel...), est celle du développement des leaders palestiniens. Les ONGs favorisent-elles ce développement ? Les leaders doivent-ils se conformer à un modèle pré-établi, conforme aux attentes des donneurs et des ONGs ?
Certaines ONGs sont ici par solidarité, ce qui est très bien, mais la substance de leur contribution est douteuse, me semble-t-il. Ou bien on est capable d'apporter des choses concrètes sur place aux Palestiniens, ou bien on est capable de faire retentir un message pertinent dans un univers plus large que les militants déjà convaincus.
Et ce côté 'do-gooder', content de soi, supérieur, m'irrite profondément.
Je suis content (même si ça n'était pas aussi réfléchi au départ, mais plutôt instinctif) d'être venu ici avec une ONG palestinienne et non point européenne, et d'avoir contribué au plus bas niveau de la^hiérarchie, comme manoeuvre de base sur un chantier.
C'est peut-être grâce à ça que je pourrais mieux témoigner, une fois de retour.
Mais est-il sain pour un pays d'être autant dépendant des ONGs ? Je me souviens de l'Afghanistan au milieu des années 70s (avant les Russes), où il y avait aussi profusion de programmes d'aide. Une des questions qui se posent (très bon article là dessus dans 'This Week in Palestine' du mois d'août; oui, c'est un mensuel...), est celle du développement des leaders palestiniens. Les ONGs favorisent-elles ce développement ? Les leaders doivent-ils se conformer à un modèle pré-établi, conforme aux attentes des donneurs et des ONGs ?
Certaines ONGs sont ici par solidarité, ce qui est très bien, mais la substance de leur contribution est douteuse, me semble-t-il. Ou bien on est capable d'apporter des choses concrètes sur place aux Palestiniens, ou bien on est capable de faire retentir un message pertinent dans un univers plus large que les militants déjà convaincus.
Et ce côté 'do-gooder', content de soi, supérieur, m'irrite profondément.
Je suis content (même si ça n'était pas aussi réfléchi au départ, mais plutôt instinctif) d'être venu ici avec une ONG palestinienne et non point européenne, et d'avoir contribué au plus bas niveau de la^hiérarchie, comme manoeuvre de base sur un chantier.
C'est peut-être grâce à ça que je pourrais mieux témoigner, une fois de retour.
Disneyland arabe
La ville de Jaffa, vieille ville arabe que Napoléon conquit (d'où ses hideuses figurines mises en place par le syndicat d'initiative, indiquant les endroits à voir), a vu se développer sur les dunes au nord de Jaffa la ville de Tel-Aviv. Avec la guerre et l'épuration ethnique de 1948, une bonne partie de Jaffa a été rasée et ses habitants expulsés. Mais c'est un si bel endroit, avec beaucoup plus de charme que la plate Tel-Aviv. Alors on a reconstruit les maisons détruites et c'est devenu un endroit 'artistique', avec des galeries de qualité, disons, variable, des boutiques d'artisanat, des restaurants chics, un marché aux puces... et pratiquement plus un seul arabe dans la partie rénovée de la cité. Pire que les villes 'pittoresques' de Provence ou d'ailleurs, où, au moins, les habitants sont restés, non, ici, c'est Disneyland. On a même conservé une mosquée et l'appel du muezzin.
Je m'élève souvent contre l'appellation de génocide palestinien, qui me paraît absurde, rien à voir avec l'Arménie, la Bosnie ou le Rwanda, ni bien sûr avec la Shoah. Mais 'génocide culturel' est une expression qui me titillait aujourd'hui.
Remarquez, au bout d'une de ses rues si pittoresques, je suis tombé en arrêt devant cette sculpture de Ran Morin, un oranger suspendu, maintenu artificiellement en vie par de l'eau au goutte à goutte, des engrais et des soins minutieux, mais sans lien aucun avec le sol, avec la terre. Et je me suis demandé si Ran Morin n'était pas par hasard anti-sioniste... Pour info, il n'y a plus d'orangers à Jaffa...
Tel Aviv
C'est une ville tellement agréable pour un Européen : tout y est clair, bien indiqué, fonctionnant bien , prévisible, occidental, quoi ! En plus, il fait un temps splendide (encore qu'un peu humide), les plages sont superbes, les filles ne cachent pas leurs appâts (même si elles ont une certaine rudesse, qui vient peut-être de leur passage par l'armée). On vit heureux ici, presque pas de juifs religieux pour vous pourrir la vie comme à J'lem, même les kippas semblent minoritaires. Les bronzages sont à damner un moine (ou une nonne), les bars sont sympas, il y a plein de bars, de boîtes, de musées, etc..
En fait, pourvu qu'il n'y ait pas d'attentats suicides, c'est le meilleur des mondes.
Et donc, pourquoi se préoccuper de ce qui se passe un peu plus à l'Est, pourquoi se casser la tête avec ces problèmes insolubles de Palestiniens, de droits de l'homme, de processus de paix ? Seule compte la sécurité, l'absence d'attentats et pour cela peu importe le prix qu'on doit payer. Ici depuis deux jours, parlant aux uns et aux autres, je comprends un peu mieux cette surdité, ce refus, cette vision hédoniste et sécuritaire à court terme. C'est de plus en plus le sujet qui m'intéresse.
J'aime bien repérer qui porte un pistolet dans la rue. En voici deux, un quasi hippie et, plus drôle, le vendeur de soutien-gorge au marché dit yéménite. Les raisons du permis de port d'arme me sont inconnues et le resteront.
Fichiers de la police israélienne
Ça y est ! Je suis fiché... Mais pour une infraction au code de la route !!!
Minibus de Ramallah à Jérusalem, de la zone A (administration palestinienne) au territoire annexé par Israël en 1967. Passage au checkpoint de Qalandia, l'un des pires (photo ci-dessus). J'ai le privilège de rester dans le minibus, avec les hommes et femmes âgés et une jeune femme visiblement très malade. Tous les autres passagers descendent et passent le contrôle à pied. Pour nous, c'est une formalité assez simple : leurs papiers les autorisent-ils à aller à Jérusalem ? Carte d'identité, permis de circuler, justification du voyage, selon les cas. Mon énorme sac dans le coffre du bus n'est même pas vérifié. De l'autre côté du checkpoint, nous reprenons nos passagers, mais aussi des passagers du minibus précédent qui ont subi un contrôle beaucoup plus long et dont le bus est déjà reparti. Résultat, six passagers debout dans le minibus. Je cède mon siège à une vieille dame.
Nous faisons 500 mètres, sommes encore en vue du checkpoint, la police nous stoppe : interdit de voyager debout. Mitraillette au point, on fait descendre les six hommes qui voyageaient debout, quatre jeunes, un Palestinien plus âgé et moi. Ce qui, dans n'importe quelle démocratie civilisée, aurait été réglé en 10 minutes avec une amende, va prendre une heure. Nous attendons en plein soleil, un des soldats (il doit avoir 18 ans, est tendu, nerveux, caresse son pistolet mitrailleur obsessivement) met les 5 palestiniens contre un mur, les fouille (j'en suis dispensé; devrais-je protester ? je ferme ma gueule). Vérification des papiers, les miens compris : il les prend, les apporte à sa collègue dans la voiture, il faudra une heure pour vérifier. Le palestinien plus âgé parle anglais, il me récite la traduction d'un poème de Darwish sur l'impuissance, l'impatience. Pendant ce temps, revérification des papiers de tous les occupants du minibus : nous sommes à 500 mètres du checkpoint où tout a déjà été vérifié, mais peu importe, tout est bon pour humilier, rabaisser, faire sentir le poids de l'occupant.
J'essaie de prendre une photo, je me retrouve avec le canon de la mitraillette sur le ventre. Le chauffeur du bus parlemente de son mieux. Au bout d'une heure, les surnuméraires restent au bord de la route, un autre bus va les prendre. Le chauffeur fait descendre un jeune homme et me prend dans le bus; la vieille dame me remercie.
Voilà, c'est trois fois rien, ce n'est pas grave en soi, sauf que pour les Palestiniens, ces contrôles, ces tracas, ces humiliations sont leur vie quotidienne; du coup, je me suis fait des copains dans le bus, le canon de l'arme sur mon ventre a fait un effet héroïque à bon marché. A l'arrivée, je vais prendre un verre avec une jolie passagère, étudiante de Bir Zeit qui venait voir sa grand-mère à Jérusalem.
J'écris ça ce soir dans un bar de Tel Aviv, et je me dis que tous ces jeunes Israéliens autour de moi n'ont aucune idée de ce qui se passe aux checkpoints, ou bien s'en foutent éperdument, ou bien considèrent que c'est normal, lutte contre le terrorisme oblige, ou bien ont été soldats et se sont comportés exactement comme les brutes racistes à qui nous avons eu affaire. Je ne sais pas.
lundi 18 août 2008
Samaritains
Les samaritains sont une communauté juive à part, comprenant seulement 700 personnes en deux endroits, dont une montagne au dessus de Naplouse. Ils prient en ancien hébreux, ne reconnaissent comme sacrés que les cinq premiers livres de la Bible (Pentateuque), sont dirigés par un grand prêtre. ils sont toujours vêtus de blanc et respectent la Bible à la lettre. Ils sont à la fois citoyens d'Israël, de Palestine et de Jordanie. Seul visiteur du village, je passe un long moment avec un ancien, dont le père et le grand-père furent grands prêtres. A mi-chemin des deux peuples, vivant dans leurs traditions, les Samaritains sont en même temps très modernes, très éduqués. Je n'ai pu photographier que le musée.
Coquetterie
A la différence du triste hijab gris ou noir de nos banlieues, les femmes ici, qui portent le hijab à 80%, le font avec élégance et coquetterie : jeux de couleurs et d'étoffes, assorties au vêtement, maquillage sensuel et oeillades assassines sont fréquents. Evidemment je ne me suis pas risqué à les photographier, l'image ci-dessus n'est qu'un substitut.
Jeux Olympiques
Article de l’humoriste Sayed Kashua dans Haaretz à propos des Jeux Olympiques. Après quelques suggestions saugrenues ( pourquoi ne pas avoir des épreuves de jet de pierres contre voitures de police ? de construction d’un mur en béton ? ), il conclut en citant un journaliste israélien populiste, Avri Gilad, qui dénonce les autorités chinoises:
"En l’écoutant, je me demande si je dois continuer à regarder les Jeux à la télé ou si je dois les boycotter pour des raisons idéologiques. Je ne suis pas tellement au courant de ce que les Chinois ont fait. J’ai vaguement entendu parler du Tibet, des droits de l’homme et des exportations à prix cassés. Mais je suis d’accord pour qu’un pays qui occupe une autre nation, qui utilise sa force militaire pour priver les habitants de liberté, qui piétine les droits de l’homme et les droits civils, qui punit collectivement un peuple entier et le retient prisonnier, qui discrimine entre les habitants sur des bases religieuses, qui arrête les dirigeants de cette autre nation, qui les assassine, qui tire sur les manifestants –oui je suis d’accord pour que ce pays soit boycotté ». (Sayed Kashua, Fun and Games, Haaretz Magazine, 15 août 2008, p.4)
Comme le Monde (.fr) supprime assez généralement les commentaires anti-Israël (voire ne les autorise même pas), je me suis dit que ce petit texte ferait merveille comme commentaire des articles sur les J.O..
"En l’écoutant, je me demande si je dois continuer à regarder les Jeux à la télé ou si je dois les boycotter pour des raisons idéologiques. Je ne suis pas tellement au courant de ce que les Chinois ont fait. J’ai vaguement entendu parler du Tibet, des droits de l’homme et des exportations à prix cassés. Mais je suis d’accord pour qu’un pays qui occupe une autre nation, qui utilise sa force militaire pour priver les habitants de liberté, qui piétine les droits de l’homme et les droits civils, qui punit collectivement un peuple entier et le retient prisonnier, qui discrimine entre les habitants sur des bases religieuses, qui arrête les dirigeants de cette autre nation, qui les assassine, qui tire sur les manifestants –oui je suis d’accord pour que ce pays soit boycotté ». (Sayed Kashua, Fun and Games, Haaretz Magazine, 15 août 2008, p.4)
Comme le Monde (.fr) supprime assez généralement les commentaires anti-Israël (voire ne les autorise même pas), je me suis dit que ce petit texte ferait merveille comme commentaire des articles sur les J.O..
samedi 16 août 2008
Judéité
Article dans Haaretz : diaspora ou conversions ?
http://www.haaretz.com/hasen/spages/959229.html
http://www.haaretz.com/hasen/spages/959229.html
Arafat
Contraste entre le mausolée imposant, éblouissant, grandiloquent, et au fond, le bâtiment vétuste où il a soutenu le siège israélien, encore marqué de quelques traces de balles (photo interdite car c'est le siège de la présidence de l'Autorité Palestinienne : on devine, à travers l'arche, au fond, sa photo sur le toit, c'était là)
République et Rois
J'ai bien aimé cette juxtaposition. C'est, à Jérusalem Est, le tombeau de la reine Héléne d'Adiabène, Arménienne (ou Kurde) convertie au judaïsme au 1er siècle de notre ère.
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